• Crazy Horse

    Tashunca-Uitco ou, pour respecter la graphie lakhota, Thašunka Witko (né vers 1839 et mort le 5 septembre 1877), appelé Crazy Horse par les Américains, en français Cheval Fou, traductions de son nom lakhota, a été avec Sitting Bull l'un des grands leaders lakhotas ayant lutté contre les militaires américains.

    Selon certains, la traduction en anglais de son nom lakhota serait approximative. Witko signifirait plutôt « fou » ou « illuminé » dans un sens mystique. Mais il est plus probable que cette signification de folie, attachée à un cheval, est pour les Oglalapi le symbole d'une capacité à faire face sans se dérober, comme le fait un cheval indompté en se cabrant.

    Crazy Horse est né vers 1840. Son lieu de naissance n’est pas non plus connu avec certitude. Certaines sources indiquent les bords de la South Cheyenne River, d’autres les environs de l’actuelle ville de Rapid City, d’autres encore les environs de Sturgis, dans le Dakota du Sud.

    Crazy Horse est membre de la tribu des Lakotas Oglalas. Son père se nommait également Crazy Horse et l'a changé en celui de Worm lorsqu'il le lui a transmis. Sa mère, Rattling Blanket, est une lakhota Miniconjou. Crazy Horse a eu également une sœur dont le nom n'est pas connu et un demi-frère, Little Hawk, né après le mariage de son père avec les deux sœurs de Spotted Tail, le chef des Lakotas Brûlés.

    Le premier nom porté par Crazy Horse est celui de Little Hair ou Curly Hair, selon les sources. Il a hérité du nom de son père à l'âge de 18 ans après un combat fougueux contre les Inuna-ina.

    On pense qu'en 1855, Crazy Horse aurait été présent dans le camp des Lakhotas « Brûlés » (Sicanġu), lorsque celui-ci a été attaqué par les troupes américaines du lieutenant Grattan. Apres avoir assisté aux derniers instants du chef Conquering Bear mortellement blessé pendant l’attaque, il erre plusieurs jours dans la Plaine et c'est à cette occasion qu'il a eu une vision qui va le guider pour le reste de sa vie. De retour au village, il annonce à son père que, désormais, il ne portera plus de peinture de guerre sur le visage et qu'il ne participera plus aux longs rituels, selon lui inutiles, qui précèdent le combat. Malgré les protestations de Worm, Crazy Horse est bien décidé à s'en tenir à ses nouvelles consignes.

    Au cours des années suivantes, il se bâtit une solide réputation de guerrier courageux et efficace. En 1865, il devient membre de la prestigieuse société guerrière des Porteurs de Chemises.

    En 1866, malgré l’opposition des Lakhotas, les militaires U.S., sous la direction du colonel Henry B. Carrington, construisent plusieurs forts (Fort Reno, Fort Kearny) le long de la piste Bozeman allant de Fort Laramie au territoire minier des Big Horn Mountains. Les Lakhotas menés par le chef Red Cloud décident de défendre leurs terres.

    C'est dans ce contexte que se place le premier grand exploit de Crazy Horse. Le 21 décembre 1866, un parti de guerriers indiens attaque un groupe de soldats chargés d’une corvée de bois près du fort Kearny. Le capitaine William Fetterman est envoyé en renfort avec 80 soldats. Avec quelques hommes, Crazy Horse réussit à attirer Fetterman dans une embuscade. Encerclé par 1000 guerriers lakhotas, hunkpapas et tsitsistas, le détachement américain est anéanti. Il s'agissait à cette date de la pire défaite de l’armée américaine lors des guerres indiennes dans les Grandes Plaines de l'Ouest.

    Par la suite, les troupes de l'Union décident d'évacuer les forts. Des négociations aboutissent au traité de 1868 dans lequel le gouvernement américain reconnaît la région comprise entre le Missouri supérieur, le Wyoming, les Rocheuses et la Yellowstone River comme territoire indien. De leur côté, les Lakhotas s'engagent à laisser passer les officiers, agents et employés gouvernementaux munis d'une autorisation.

    En 1870, Crazy Horse profite de la paix relative pour épouser Black Buffalo Woman, déjà mariée à No Water. Ce dernier n'accepte pas le divorce. Échauffé par ce qu'il estime être un vol, il se rend dans le village de Crazy Horse avec un groupe d’amis. Entrant dans le tipi de Crazy Horse, No Water lui tire une balle dans la mâchoire. Sérieusement blessé, Crazy Horse survit cependant à sa blessure. Afin d’éviter de nouveaux troubles, sa femme Black Buffalo Woman repart vivre avec No Water. Les Lakhotas obligent celui-ci à offrir trois chevaux à Crazy Horse pour sceller la dispute.

    En 1871, Little Hawk, le jeune frère de Crazy Horse, est tué lors d'une expédition sur la Platte River. Le chef lakhota épouse alors la jeune veuve, Black Shawl.

    La découverte d'or dans les Black Hills, en 1874, incite les militaires américains à investir la région malgré le traité de Fort Laramie de 1868. Le 17 septembre 1875, une commission officielle rencontre Red Cloud, Spotted Tail et les autres chefs lakotas et leur propose d'acheter le territoire à un prix ridiculement bas (six millions de dollars), ce qu'ils s'empressent de refuser. C'est de nouveau la guerre.

    En avril 1876, le chef Sitting Bull invite les autres chefs lakotas à un Grand Conseil. Une grande coalition indienne se forme sous ses ordres ayant pour premier objectif d'empêcher l'infiltration croissante des Blancs sur leur territoire. Trois colonnes militaires convergent vers les Indiens.

    C'est Crazy Horse qui conduit la première bataille le 17 juin lorsque son armée de Lakotas et de Cheyennes attaque les 1000 soldats et 300 éclaireurs indiens du brigadier-général George Crook sur les bords de la Rosebud River. Le combat, indécis, se termine par la perte de 22 guerriers et d'une quarantaine de blessés de part et d'autre. Le général Crook s’étant replié sur sa base de départ le lendemain, cette bataille est généralement considérée comme une victoire stratégique pour les Indiens.

    Quelques jours plus tard, le 25 juin, le 7e de Cavalerie du général George Armstrong Custer, lance ses troupes sur le village des Lakotas, des Hunkpapas et des Tsitsistas sur les bords de la rivière Little Big Horn. Les Indiens repoussent le premier assaut, mené par le commandant Marcus Reno, puis décident de contre-attaquer. Le détachement de Custer, en infériorité numérique, est écrasé par les guerriers de Crazy Horse et Gall. Il y a 263 tués et 52 blessés chez les militaires.

    Après cette victoire, Crazy Horse et Sitting Bull commettent l'erreur de séparer leurs troupes. Crazy Horse va s'installer sur les bords de la Rosebud River pendant que Sitting Bull part chasser le bison sur la Big Dry. Le colonel Nelson A. Miles attaque celui-ci par surprise et réussit à le battre. Sitting Bull parvient à s'enfuir au Canada par les Bad Lands.

    Le 8 janvier 1877, Miles attaque Crazy Horse à Wolf Mountain. Les Indiens parviennent à décrocher, profitant d'une tempête de neige. Démoralisés, les membres de sa tribu étant affamés et malades, Crazy Horse se rend à Fort Robinson en mai 1877.

    Le 3 septembre 1877, Crazy Horse se présente devant l'officier du fort où il est détenu et lui demande la permission d'emmener sa femme, malade, chez le docteur Mc Gillicuddy, à l'agence Spotted Tail. L'officier lui refuse la permission. Crazy Horse passe outre et sort du fort le lendemain, accompagné de son épouse car il est trop inquiet pour sa santé.

    À l'agence Spotted Tail, il rencontre l'officier en charge, le capitaine Kennington, et lui explique les raisons de sa présence. Kennington ne le croit pas et le prie de le suivre dans un bâtiment proche où se sont embusqués des soldats prêts à le maîtriser. Quand il s'aperçoit de la traîtrise, le chef lakhota sort son couteau. S'ensuit une terrible échauffourée dont on possède plusieurs récits contradictoires. Certains disent que Crazy Horse a été tué par un soldat avec une baïonnette. Little Big Man, qui se battait avec Crazy Horse, affirme pour sa part que le chef lakhota s'est lui-même blessé en voulant le frapper avec son couteau. Quoiqu'il en soit, la blessure de Crazy Horse lui sera mortelle.


    Le capitaine Bourke, qui a assisté à sa reddition en 1877, le décrit ainsi :

    « Je vis devant moi un jeune homme ne dépassant pas 30 ans et d'une taille d'un mètre quatre vingts, avec une cicatrice en pleine face. Son expression et sa contenance étaient remplies de noblesse, mais aussi de hargne et de tristesse. Il ressemblait à un homme acceptant son destin avec dignité. Pendant qu'il parlait à Frank Gouard (l'interprète) il semblait prendre un certain plaisir mais, en d'autres temps, il demeurait morose et réservé. Tous les Indiens le tenaient en une haute réputation de courage et de générosité. Quand il courait au devant de l'ennemi, aucun de ses guerriers n'avait le droit de le dépasser. Il s'était fait une centaine d'amis à cause de sa charité envers les pauvres, et il se faisait un point d'honneur à ne rien garder pour lui lors du partage du butin, à part les armes de guerre. Jamais je n'ai entendu un Indien prononcer son nom sans y mettre un accent de profond respect. »

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