• Sur la fin du Bison

     

     

    Ah, mon coeur se brisa lorsque je je commençai à voir des carcasses de bisons éparpillées de partout dans notre beau pays ; des bisons tués, dépecés et laissés à pourrir par les hommes blancs : des centaines et des centaines de bisons. Les premiers que je vis, c'était dans le bassin de Judith. Tout le pays sentait la chair pourrissante. Nos coeurs étaient comme pétrifiés. Et pourtant, personne ne croyait encore que les hommes blancs pourraient tuer tous les bisons. Depuis le commencement des choses, il y en avait toujours eu tant ! Même les Lakotas, si mauvais fut leur coeur envers nous, n'auraient jamais fait une chose pareille ; ni les Cheyennes, ni les Arapahos, ni les Pecunnies. Et pourtant l'homme blanc l'a fait, alors qu'il ne recherchait même pas cette viande. Nous avons cru longtemps que les bisons nous reviendraient ; mais ils ne l'ont pas fait. Tout d'un coup, nous avons connu la faim, la maladie et la peur. N'en croyant pas leurs yeux, nos chasseurs ont chevauché très loin à la recherche du bison ; si loin que, même s'ils avaient trouvé un troupeau, nous n'aurions pu l'atteindre en une demi-heure. "Rien ; nous n'avons rien trouvé", nous disaient-ils. Alors, affamés, ils contemplaient les plaines vides, comme en rêve. Après quoi leur coeur n'était plus bon. Si le grand Chef blanc de Washington ne nous avait pas donné de nourriture, nous aurions été balayés sans la moindre chance de lutter pour notre survie. Ensuite les hommes blancs ont commencé à clôturer les plaines, de sorte que nous ne pouvions plus voyager ; de toute façon ce n'était plus guère la peine de voyager, il n'y avait plus rien qui valût le voyage. Nous commençâmes à rester en place, à devenir paresseux et de plus en plus malades. Nos hommes avaient durement combattu nos ennemis, en les maintenant par leur bravoure à l'écart de notre beau pays ; mais à present, comme tout allait mal, nous étions atteints d'une stupide faiblesse. Nos hommes, nos chefs commencèrent à boire le whisky de l'homme blanc et à le laisser guider leur pensée. Comme nous avions coutume d'écouter nos chefs aux jours du bison, aux jours de guerre et d'émotion, nous les écoutions toujours ; et nous nous y laissâmes prendre. Nos sages devinrent fous et burent le whisky de l'homme blanc. Mais que faire ? Nous ne connaissions d'autre voie que d'écouter nos chefs et nos hommes éminents. Nos anciens étaient différents ; même nos enfants étaient différents...


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